• Voici une nouvelle créée pour une participation à un concours ^^

     

    « Mademoiselle Hana je suppose? »

    J'hochais timidement la tête, cet homme me m'était mal à l'aise.

    Il ne s'agissait pourtant que d'un simple majordome, environ la soixantaine, grand, de bonne carrure, une prestance indéniable, portant un costume noir des plus élégant. Mais je ressentais comme une crainte en le voyant.

    « Bien, on attendait plus que vous, ajouta-t-il dans une légère révérence. Entrez je vous prie ! »

    Je pénétrais alors dans un immense couloir aux murs blancs qui, selon moi, venaient d'être repeins tant l'odeur de peinture fraîche m'emplissait les narines.

    Juste le temps de faire trois pas, je me stoppais net, ayant senti un souffle au creux de mon cou. Cela ne pouvait être que le majordome, mais en me retournant, je ne pus que constater qu'il était resté à sa place, sans bouger d'un pouce.

    Un frisson me parcouru. Une désagréable impression m'empoignait, celle d'être épiée. Réprimant mon instinct qui m'ordonnait de fuir, j'arrivais dans une salle aux murs et au sol blanc, tellement éclairée que cela m'en donnait mal à la tête.

    Au fond, j'aperçus une immense table couverte de victuailles. Différentes personnalités se tenaient là, discutant et rigolant entre-eux.

    Je remarquais que nous étions treize hommes et treize femmes. Étant de nature superstitieuse, j’abhorrais ce nombre qui me semblait de bien mauvaise augure.

    Ce qui me frappa également, ce fut le manque d’œuvres. A part les invités et les victuailles, la salles était vide.

    Un couple s'approcha de moi, je reconnu Xavier Nantie. A seulement 35 ans, il était déjà l'un des avocats les plus réputés du pays.

    « Vous devez être l'étudiante en art ? Enchanté de faire votre connaissance. » Dit-il en tendant sa main vers moi.

    Lui rendant son sourire, je lui empoignais la main.

    « Moi de même, fit-je. Mon nom est Kimiko Hana. »

    J'étais, pour ainsi dire, la seule personne ici ne faisant nullement parti des célébrités. Simple étudiante en art, je fus sélectionnée, parmi une centaine d'autres candidats, pour assister à cette exposition, celle d'un artiste qui semblait être fort apprécié, mais dont le nom et l'apparence étaient ignorés de tous.

    « Depuis quand de vulgaires étudiantes sont invitées à ce genre d’événement ? Répliqua sèchement sa femme d'une voix suraiguë et éraillée par les cigarettes qu'elle devait s'enfiler en masse. Déjà que cela m'ennuie grandement, si en plus on invite une gamine.... »

    Solange Nantie, mannequin de 26 ans, élancée, les yeux bleus et de longs cheveux blonds décolorés, trahis par ses sourcils noirs. Elle portait une robe bleue, courte et brillante, qui faisait outrageusement ressortir les obus qui lui servaient de poitrine.

    Ne relevant pas ses déplaisantes remarques, je me concentrais sur les alentours. Je reconnue plusieurs des personnalités présentes:

    Au fond, un actrice promise à une grande carrière, mais qui c'était abandonnée au bras de la drogue. Un peu plus loin un auteur de space-opera, et à côté un duo de comique : les jumeaux Eddy et Freddy, qui amusait le public depuis 70 ans maintenant.

    « Mesdames et Messieurs, héla soudainement une voix forte et claire. Je vous souhaite à tous la bienvenue. »

    Nous nous tournions, comme un seul homme vers sa provenance.

    « J'espère que vous apprécierez cette exposition, continua le majordome. Malheureusement, le maître aura du retard suite à un imprévu. Il vous invite donc à prendre place à table. »

    Tous se dirigèrent vers le « somptueux repas ». Imitant la foule, j'entendais, de part et d'autres des soupirs. Mais surtout, je devinais la curiosité des gens, sur le retard de l'artiste, et plus particulièrement de la curiosité vis à vis de toute cette nourriture.

    Le repas était, juste, somptueux, un mélange de saveurs et d'odeurs toutes plus exquises les unes que les autres.

    Chaque aliments baignaient dans ce qui ressemblait à de la poudre de biscuits roses, le majordome m'expliqua qu'il s'agissait d'une poudre appelée 7ème ciel qui ne se trouvait pas encore dans le commerce, et qui renforçait la saveur de la nourriture.

    Les discussions allaient bon train, chacun donnant son hypothèse sur les œuvres manquantes.

    Des avis entrecoupés par les plaintes diverses et variées de Solange qui racontait sa dernière opération pour se faire blanchir le blanc de yeux, et comme quoi son médecin lui refusait une énième opération pour grossir ses obus déjà bien plantureux.

    Je me délectais du morceau de bœuf qui décorait mon assiette, le troisième.

    Mais étrangement, cela ne me convenait plus. Je voulais plus, je voulais une saveur nouvelle.

    Je me rappelle une véritable boucherie: les invités qui se dévoraient entre-eux. Des gerbes de sang tapissant les murs, des hurlements de rage et de douleur en fond sonore.

    J'ignorais combien de temps s'était écoulé. Moi-même je me trouvais en plein repas, les mains plongées dans les entrailles béantes d'un homme, ayant perdu une partie de mon humanité. Je ne pensais plus à rien, juste à ce désir malsain de viande.

    Je vis le majordome approcher, tenant une jeune fille dans ses bras. Elle devait avoir 16 ans. L'homme la déposa au centre de la table, les poignets et les chevilles entravées, de sorte qu'elle ne pouvait fuir. Pour tout vêtement, elle portait un tissu blanc, drapé autours de ses hanches, cachant ainsi une partie de son intimité.

    Je vis tous ces hommes se jeter sur elle, commençant à mordiller la chair de ses bras frêles et de ses jambes. Une irrépressible jalousie m'envahit soudainement:

    Elle semblait si appétissante, si délicieuse. Sa peau blanche tendre et ferme, le désir de dévorer sa chair m'obsédait de plus en plus. Le peu qu'il me restait de raison m'avait définitivement quitté.

    Je n'aspirais plus qu'à une chose: cette fille.

    C'est ainsi que je me retrouvais à ses côtés, la fixant de mes yeux avides. Mes forces dupliquées, j'enfonçais mes mains au creux de sa poitrine, lui brisant les côtes par la même occasion.

    Elle poussa un hurlement, je ne le supportais pas. Ce bruit me perçait les tympans.

    Je lui donnais un violent cou de poing dans sa gorge. Si violent que son hurlement ne fut bientôt plus qu'un râle étouffé.

    Souriant, satisfaite, je me concentrais sur la poitrine ouverte de la jeune fille, je pouvais voir son cœur battant encore.


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